Laurence Herszberg, directrice de Séries Mania : « Nous n’écartons jamais une série pour sa nationalité » (2024)

La programmation de l’édition 2024 du festival a-t-elle été très différente de la précédente?

Nous suivons les séries en préparation toute l’année, on sait à peu près ce qui se passe chez les grands acteurs, les chaînes, les plates-formes. Le rythme s’intensifie trois mois avant le début du festival. La programmation est faite de séries que nous allons chercher et d’autres qui nous arrivent spontanément, parce que nous sommes un énorme festival. On en a vu un peu moins que pour la précédente édition. On n’est plus dans ce qu’on a appelé la «peak TV» [période d’investissem*nt massif dans la production de séries]. Mais ce n’est pas non plus une chute brutale, on a vu 368 séries, contre 400.

Les remous de notre métier et du monde ont changé pas mal de choses. La très longue grève des scénaristes et des acteurs à Hollywood a provoqué le report de beaucoup de tournages. Nous avons moins de séries américaines, mais nous présentons en ouverture la plus attendue, Le Problème à trois corps. Nous avons reçu des productions d’Amérique latine, mais on voit que c’est un espace en difficulté financière, et nous n’en avons pas retenu.

Et pour la première fois, depuis la création de Séries Mania, il n’y a pas de série israélienne. Pourquoi?

On nous a en effet déjà demandé pourquoi, alors que nous avons fait découvrir les séries israéliennes, Fauda, BeTipul. Cette année nous en avons reçu moins – huit contre quatorze en2023. Nous regardons les séries en fonction de leur créativité, de ce que dit l’auteur. Nous n’écartons jamais une série pour sa nationalité. Ces huit-là n’ont pas passé le processus de sélection artistique. En revanche dans la partie professionnelle du festival, nous organisons pour la cinquième fois la résidence d’écriture franco-israélienne et, pour la première fois, nous accueillons la Sam Spiegel Film School de Jérusalem avec six scénaristes et six producteurs qui viennent présenter leurs projets. Un festival construit des ponts, des passerelles. Ce n’est pas fait pour ériger des murs, et je pense sincèrement, peut-être naïvement, que ceux qui peuvent peut-être contribuer à ce qu’on se comprenne mieux sont les artistes. Par ailleurs, ces variations nous ont permis de faire entrer d’autres territoires, la Lituanie, Taïwan, l’Afrique du Sud. Notre rôle, c’est d’élargir les regards.

Quel est le rapport de Séries Mania avec les géants du secteur, les plates-formes, les chaînes? En France, vous n’avez pas accès aux productions originales de Canal+, qui privilégie un autre festival, Canneseries…

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